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L'importance du Commentaire en Méthodologie Historique.

Lorsqu’en 1821 fut fondé un établissement destiné à former le personnel supérieur des services d’archives, on lui donna le nom d’Ecole des chartes, la « charte » étant vue alors d’abord comme un document émanant d’une institution détentrice de pouvoirs d’ordre public ou social (l’Etat, les pouvoirs locaux, les tribunaux, l’Eglise), portant la signature du ou des responsable de cette institution.

La mission des services d’archives (nationaux, départementaux, municipaux) et des bibliothèques fut d’abord de conserver et, dans la mesure des possibilités, de classer celles de ces chartes qui avaient pu être retrouvées. Cette propension à ne considérer comme dignes d’accéder au statut de document historique que les seuls vestiges du passé concernant le pouvoir politique ou religieux a longtemps subsisté. Car il n’y avait alors d’histoire que celle des puissants, individus, groupes ou institutions, et celles des faits de puissance politique, administrative, judiciaire, militaire, religieuse.

Plus récemment de plus humbles écrits, émanant des niveaux subalternes de ces institutions publiques, ainsi qu’une grande variété de documents privés ont acquis a leur tour un statut de témoignages dignes de conservation. Ainsi, dans le cas des archives notariales, le passage devant des officiers publics a donné à des actes privés un peu de la majesté de la charte. Ou encore, de nouvelles curiosités historiques étant apparues, seul le recours à d’autres documents, souvent conservé en volumineuses séries, pouvait leur donner un début de réponse.

Aujourd’hui le « territoire de l’historien » ne connaît pas de limites ; il y a une histoire économique, une histoire sociale, une histoire des mentalités, une histoire de la vie quotidienne, une histoire des paysans, une histoire des ouvriers, une histoire des femmes, une histoire des prisons et des prisonniers, des galères et des galériens, de la folie et des fous, de la prostitution et des prostituées.

Aucun acteur de l’histoire n’est plus particulièrement privilégié : la lettre à sa famille d’un soldat de l’an II retient autant l’attention qu’une proclamation de Bonaparte devant les pyramides d’Egypte (Jean-Paul Bertaud, la Révolution armée ; les soldats citoyens et la Révolution française, 1979) ; les sermons d’un curé de campagne vendéen avant, pendant et après la guerre civile, autant que les mémoires de la marquise de La Rochejacquelein (François Lebrun, Paroles de Dieu et Révolution, 1979), l’interrogatoire d’une servante accusée d’un crime domestique autant que celui de Jeanne d’Arc (Nicole Castan, Justice et répression en Languedoc à l’époque des Lumières, 1980).

D’autre part, la conception du fait historique comme singulier (l’événement) n’est plus exclusive. Une perspective dite « sérielle » tend à s’imposer. Ainsi on a pu étudier les milliers de grèves et les centaines de milliers de grévistes recensés en France entre 1870 et 1890 sans faire le récit d’une grève particulière  (Michèle Perrot, Les Ouvriers en grève, 1973). Une telle perspective requiert donc le traitement d’un nombre considérable de documents, de nature assez strictement comparable, dont la continuité fait série, d’où le terme « sériel »…..

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